Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

une des rares représentations (conventionnelle) du roi média-assyrien Tukulti-Ninurta (1245-1208)

une des rares représentations (conventionnelle) du roi média-assyrien Tukulti-Ninurta (1245-1208)

Après l'effondrement, en 1595, de l'empire fondé par Hammurabi de Babylone, la Mésopotamie se partage progressivement en deux entités politiques durables (pour 1 000 ans), la Babylonie au sud, l'Assyrien au nord. Il en va un peu de ces puissances comme de l'Europe et des USA : la première possède l'histoire, et partant gloire, culture, honorabilité tandis que l'autre, plus dynamique jalouse sa voisine. Il en résulte une longue série de conflits, qui aboutirent à la destruction de l'une (l'Assyrie) et l'épuisement de l'autre (la Babylonie). De cette longue histoire, au multiples rebondissements, j'ai choisi de vous présenter "l'épopée de Tukulti-Ninurta", un texte média-assyrien, rédigé à la fin du XIIIe siècle, pour commémorer la victoire historique de l'Assyrie sur Babylone. 

Plusieurs raisons à cela : c'est un grand texte (800 lignes), qui comportent des rebondissements, de beaux passages épiques et qui résume assez bien la "philosophie de l'histoire" des mésopotamiens : tout est affaire de fidélité aux dieux. On n'est pas loin de certaines conceptions bibliques...A la fin du texte, dans un passage hélas fragmentaire, on assiste au pillage culturel de la Babylonie. Une manière pour l'Assyrie de se présenter en nouvelle Babylone. Mais cela ne dura guère...

Ce texte est inédit en français. J'ai donc pris du plaisir à la traduire en partant de la version de Ben Foster dans Before the muses...Seuls quelques passages (ici soulignés) sont empruntés à une traduction françaises, il s'agit d'extraits édités par M. Guichard dans son travail sur l'épopée de Zimri-Lim (un autre texte impressionnant : https://sepoa.fr/?page_id=24).

Bonne lecture !
 

i (= K 6007)

Écoutez sa louange, l'éloge de celui qui ... les seigneurs! Je vais exalter [l'héroisme] du seigneur des pays, l'Enlil assyrien! Que soit contée son extrême toute-puissance [ ... ] ! [Voyez] combien sont supérieures ses armes sur [celles de ses ennemis]! Je vais exalter la gloire d'Assur, roi [des dieux], les grands rois [ ... ] Qu'[il...] dans la campagne contre Kadm[uhi], et sur ordre de Shamash le g[uerrier] [il...]. A part les quarante rois du [Nairi...] qui, durant son règne […] le triomphe de sa seigneurie [...] » 

i (=B obv) 

Introduction des protagonistes, Tukulti-Ninurta et son adversaire Kashtiliash, dont les dieux ont abandonné le pays. Puis survient un hymne à Tukulti-Ninurta puis la mention des pêchés du roi babylonien contre son serment. 

[ ... ] contre les ennemis[ ... ] survivant [ ... ] qui ne peut pas être affrontée [ ... ] les méchants [ ... ] et le désobéissant [ ... ] le désobéissant [ ... ] commande [ ...cassure de neuf lignes... ] et [...] et [ ... ] de transgresser [ ... ] lumière [ ... ] la fin du règne de [ ... ] guerrier du ciel et des enfers [ ... ] qu'il a pris de force [ ... ] la terre qu'il a gouvernée [ ... ] Ishtar, le point culminant de la terre d'Akkad […] de (?) la seigneurie le roi des Kassites, culpabilité qui ne peut être effacée. [Les dieux se fâchèrent contre] le roi à cause de la trahison du Kassite envers l'emblème [de Shamash]. Contre le transgresseur de serment, Kashtiliash, les dieux du ciel et des enfers [ ... ]. Ils étaient [en colère] contre le roi, le pays et le peuple [...], Ils [étaient furieux et avec] le plus obstiné, leur berger. Sa Seigneurie, le seigneur du monde, fut perturbé, alors il abandonna Nippur. Il ne s'approcherait plus [ ... ] de (son) siège à Dur-Kurigalzu. Marduk abandonna son sublime sanctuaire, la ville, [Babylone]. Il maudit sa ville favorite Kar-[...]. Sin quitta Ur, [son] lieu saint [...], Sh[amash se mit en colère] contre Sippar et Larsa, Ea [...] Eridu, la maison de sagesse [ Ishtaran devint furieuse con[tre Der, Annunitu n'approcherait (plus) Agade […], la dame d'Uruk rejeta sa [...]. (Tous) les dieux étaient enragés [...] à la suite du verdict.

Cassure

i (= A obv)

Glorification de Tukulti-Ninurta et de ses dieux : 

[…] son […], Assur. […] les dieux, seigneur du jugement, […] il n'a personne pour le calmer, […] le porte […] il fit la lumière sur le serment des dieux ! […] défaite, qui obéit aux intentions des dieux sur le champ de bataille, […] 

Elle a rendu les armes glorieuses. Exaltée est son impétuosité : elle en[fume] l'impudent devant et derrière. Brûlante est son agressivité : elle consume le désobéissant à gauche et à droite. Terrorisante est sa radiance : elle submerge la totalité des ennemis. Tous les rois réunis des quatre points cardinaux sont tenus en respect (car) ils le craignent en tout. À son rugissement les montages tremblent comme s'il était Addu et toutes les parties (du monde) se rétractent à chaque levée de ses armes, comme s'il était Ninurta. Par le destin (fixé) par Nudimmud (Ea comme créateur), sa constitution physique est comptée comme chair des dieux. Par décret du seigneur des pays, sa "coulée" a été injectée dans la rigole de la matrice des dieux : (ainsi) lui-même est l'image éternelle d'Enlil, attentif à l'opinion des gens, conseil du Pays. Le seigneur des Pays le proclama à la tête des soldats comme son lieutenant et le loua de sa bouche même. Enlil, tel un père géniteur, l'a élevé après son fils premier-né (Ninurta). Il est le précieux dans son clan et sur le champ de bataille une protection lui est toujours accordée. Jamais son combat n'a pu être égalé par nul de tous les rois, quel qu'il soit. Aucun souverain ne s'est présenté comme son adversaire sur le champ de bataille.

Reprise des reproches au roi kassite et confrontation des deux modèles de roi :

[…] mensonge, crime, répression, actes répréhensibles, […] le lourd... le serment par les dieux et est revenu sur ce qu'il avait juré. […] les dieux surveillaient son acte furtif, […] bien qu'il fut leur partisan. […] le roi des Kassites se moqua de ce qu'il avait juré. Il a commis un crime, un acte de malveillance. Bien que celui qui […] n'arrêtait pas de changer […], la parole de l'autre est sûr. Bien que celui qui […], (l'autre) est celui qui plait toujours pour la miséricorde divine.

[…] et ne doivent pas être effacées. […] les offenses furent nombreuses […] il s'est rétracté sur un ordre[…] il eut des paroles hostiles […] a placé sa confiance en […] il désirait ardemment la bataille […] stratagème […]

Cassure.

ii (= A obv)

Le récit devient concret, avec la mention de marchands babyloniens arrêtés pour espionnage, ce qui incite le roi à prier Samas pour lui demander secours et justifier son combat. 

Dans les confins du pays d'[Assur], il imposa une ordonnance, de peur qu'un secret du pays ne soit dévoilé. Ils sont venus […]beaucoup... Ceux qui portaient l'insigne (?) du roi des Kassites, les marchands, furent capturés la nuit (?). Ils (les) ont amenés ligotés ensemble devant Tukulti-Ninurta, seigneur de tous les peuples. Le roi les rassembla sur la place de Shamash : il n'a pas perpétré d'infamie, (mais) il s'entretint (avec eux). Il fit une bonne action pour le seigneur de Babylone : Il relâcha les marchands..., porteurs de sacs d'argent. Il les fit se tenir debout devant Shamash et oignit leurs têtes avec de l'huile.

Les tablettes ( ?) du roi des Kassites, l'impression du sceau qu'il avait officialisé, il reconfirma ( ?), devant Shamash, il […]sa déclaration qu'il présenta en termes mesurés au dieu : 

« Samas, seigneur [du ciel?], un serment par toi est important pour toi ; j'ai révéré ta grandeur, ce qui n'était pas permis je n'ai pas transgressé, devant ta face j'ai respecté ton décret. Lorsque nos pères ont établi un traité devant ta divinité, ils établirent entre eux un serment et invoquèrent ta grandeur. C'est toi le héros qui depuis toujours est le juge irremplaçable de nos pères. De plus, tu es le dieu qui voit dans ... et rétablit nos droits en justice ! Pourquoi, dès le début, le roi des Cassites a-t-il annulé (tout) dessein et décret de toi ? Il ne craint pas ton serment, il transgresse tes instructions, il a fomenté de mauvais coups, il a rendu énormes (?) ses crimes devant toi. Samas rends-moi donc justice ! Et à celui qui n'a fait nul tort au roi des Cassites, donne satisfaction! Avec ta grande arme offre la victoire absolue à celui qui respecte le serment ! Quant à celui qui ne respecte pas tes instructions, anéantis son peuple par une défaite dans le combat ! »

Le sage [berger], qui sait ce qu'il faut faire, enflammé de colère, son éclat effrayant devint enragé. Il envoya un message à Kashtiliash, le méchant, l'obstiné, l'insouciant : 

« Alors qu'autrefois, tu as renoncé à ce qui appartenait au temps des hostilités entre nos ancêtres, maintenant, tu affrontes Shamash avec de faux témoignages contre nous. Enlil-nerari, mon aïeul, roi de tous les peuples, […]. Contre (?) Kur]igalzu, (il) a prêté le serment par les dieux, […] [Adad-n]erari, mon grand-père, […] Nazimaruttash […] au combat […] Salmanasar, devin de sa principauté, […]la vie de leur […] dans tous les pays il est le juge inexorable. »

Cassure.

ii (= F col x)

L'emplacement de ce fragment n'est pas assuré. Il semble faire référence à la réponse que le roi de Babylone réserva au message de Tukulti-Ninurta. 

[…] le pays […] ennemis […] il a envoyé un [més]sage […] il avait décidé d'une bonne action, […] il a affirmé le pacte […] [Kashtiliash a dit, ] ta bonne action ! […] Retenez le messager (ici) ! […] « Ne laissez pas les marchands traverser ! […] emporter ! » […] 


 

ii (= D)

[…] Contre Ton camp... comme un orage […] comme une inondation qui n'épargne rien […] tes vaillants guerriers comme […] le puissant assaut de l'armée Kas[site] […] tous les stratagèmes dans la mêlée […] tes guerriers en un jour [malheureux] […] [Le roi], le sage berger, [qui sait] ce qu'il faut faire, […] [A Kashtiliash, le méchant, l'obstiné, roi des Kassites, […] Le ...], Kashtiliash, de tes ancêtres. […] dans les sanctuaires non saccagés, […] mon […], pour remettre droit […] tes guerriers qui […] combat […] de ma terre que tu as pillée […] les troupes avec lesquelles tu es parti […]


 

iii ( A obv)

Tukulti-Ninurta échange des lettres avec Kashtiliash et l'accuse de ses méfaits puis il demande à Shamash de résoudre leurs différends et de faire valoir ses droits en le rendant victorieux dans l'épreuve de la bataille. Kashtiliash est paralysé par la peur à la perspective et offre un soliloque sur sa perte imminente. Après une lacune dans le texte, Tukulti-Ninurta envahit la Babylonie et le Kassite devient fou à lier.

« Et les frontières de tes terres […], pourquoi as-tu battu en retraite et (...) la route d'où il n'y a pas d'échappatoire ? Et pourquoi prends-tu peur, et [...] sans engagement [...] ? Tu as pillé tout mon pays, (...) pillage. Tu as fait partir les armées d'Assur, avant même les hostilités, tu as [...]. Les [...] sont progressivement tombés en une mort prématurée. Leurs [femmes] sont devenues veuves en une saison indue. 

Je soulève donc la tablette du serment entre nous, et invoque le Seigneur du Ciel [...] ! Tu as commis un crime qui [...] tous les deux sur le champ de bataille, disant : « J'ai relâché ton père (?), je ne me suis pas vengé. Le fait que tu ais pillé mon peuple désarmé est une offense pour nous à jamais !

Lorsque nous nous rencontrerons en combat, juge entre nous ! [...]. Nous nous entreprendront en ce jour comme le juste prend son tribut au méchant. Il n'y aura pas de paix sans combat ! pas plus qu'il ne peut y avoir de bonnes relations sans bataille, tant que tu ne […]. (Et) jusqu'à ce que j'expose tes cheveux flottant derrière toi et tu ais [disparu] en une mort prématurée, jusqu'à ce que mes yeux, dans la combat avec toi, voient […] abattre, et […]. Viens à moi sur le champ de bataille, que nous puissions régler ensemble cette affaire ! Dans ce festival de combat, que celui qui a transgressé le serment ne se relève pas, qu'on jette son cadavre ! »

Tukulti-Ninurta, ayant mis sa confiance dans son observance du serment, planifiait la bataille, pendant que Kashtiliash, dans la mesure où il avait violé le commandement des dieux, était déstabilisé en son for intérieur. Il fut consterné par l'appel à Shamash. et devint craintif et anxieux sur ce qui avait été déposé devant les dieux. L'éloquence du puissant roi serrait son corps comme une présence démoniaque. Donc Kashtiliash délibérait en lui-même : 

« Je n'ai pas écouté, j'ai négligé les paroles du héraut du roi d'Assyrie. Je ne lui ai pas fait bon accueil. Je n'ai pas accepté ses bonnes intentions. A présent les fautes de mon pays sont devenues énormes. Nombreux sont ses péchés. Un combat sans espoir m'a abattu. La mort me tient en ses liens. Le serment de Shamash se pose sur moi, il m'attrape par l'ourlet. Tu as déposé contre moi une preuve inaltérable avec l'empreinte de sceaux de m[es ancêtre]s. Eux aussi ont présenté des [preuves] devant moi, un […] dont le contenu ne peut être modifié ! Le traité de mes ancêtres, qui n'a pas été violé. Ainsi fit le juste juge, l'inaltérable, le vaillant, Shamash établit le cas contre moi ! Quant au pillage que mes ancêtres ont commis, j'ai [aggravé la situation] ! Car c'est bien moi, en effet, qui ai mis mon peuple dans une main impitoyable, une emprise [contre laquelle il n'y a pas d'échappatoire]. Dans un étroit passage sans issue, j'ai rassemblé [mon pays]. Nombreux sont mes péchés devant Shamash, [grands sont] mes méfaits. Qui est le dieu qui épargnera mon peuple de la [catastrophe] ?

L'Assyrien, (lui), est toujours attentif à tous les dieux. Il […] les seigneurs de notre serment, […] du ciel et des enfers. 

Je n'examinerai pas par l'extispiscine (les signes pour) « chute du régime ». Les présages du bien-être de mon armée ont quitté ma terre. Les signes à l'intérieur du […] sont […]. La protection des fondations de ma maison […] n'a jamais été ferme. Quel que soit mes rêve(s), ils sont terrifiants. Assur l'omnipotent m'éblouit. Ça aussi : « Vite, laisse-moi lancer […] ». Vers quoi dois-je […] mon présage ? » Ça aussi : « Laisse moi savoir : pour la ba[taille […] ? » […] « Combien de temps […] ? Laisse-moi connaître le secret. Va-t-il me vaincre et […] comme un brasier ou un cyclone. Il s'est rapproché de moi et moi […]. Alors la mort […]. Il était épuisé […]. 

Cassure.

 

Tag(s) : #Épopée, #guerre, #médio-assyrien
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :